Bienfaits des bols tibétains: que dit la science

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Bienfaits des bols tibétains: que dit la science

Les vertus des bols tibétains.

Les bols chantants sont des instruments de musique particuliers: certains auteurs ou praticiens de médecines alternatives les parent de vertus thérapeutiques.

Il n’existe aucun article scientifique montrant la capacité des bols tibétains ou bols chantants à guérir une quelconque maladie.

Des études ont tenté mesurer les effets bénéfiques des bols chantants sur la relaxation et l’état de bien être général.

Bienfaits prouvés :

  • Aide à se concentrer pour méditer
  • Aide à la relaxation
  • Facile à jouer

Bienfaits allégués :

  • Aide pour le sommeil et le repos
  • Effet sur la pression artérielle et les rythme cardiaque

Les Bols chantants ont par ailleurs des vertus spirituelles affirmées par les adeptes du yoga, elles ne sont pas abordées dans cet article

Comme tout instrument, les bols c’est bien. On n’a pas besoin d’études scientifiques pour justifier la pratique musicale.

Mais quand des personnes affirment qu’il y a des études scientifiques prouvant les vertus thérapeutiques des bols tibétains, c’est intéressant de vérifier.

Effet de la méditation avec un bol chantant sur l’humeur, le stress et le bien être : étude observationnelle.

« Effects of Singing Bowl Sound Meditation on Mood, Tension, and Well-being: An Observational Study » 

Tamara L. Goldsby

description de l’étude :

Un groupe de 62 participantes (53 femmes et 9 hommes) est soumis à une séance de méditation assistée par un bain sonore à base de bols chantants. La séance dure approximativement une heure. Elle se déroule à la manière d’une séance de relaxation classique : les participantes sont allongées sur un tapis de yoga avec la tête appuyée sur un coussin.

Elles peuvent fermer les yeux si elle le souhaite.

Au début de la séance l’état de stress, l’humeur, le bien être ainsi que la présence ou non de douleur est quantifié via un questionnaire normalisé de façon à donner une note pour chaque état.

A l’issue de la séance, les participantes répondent au même questionnaire.

Conclusions de l’étude :

La conclusion de l’étude montre une claire diminution du stress, augmentation de bien être et diminution de la douleur ressentie.

Discussion sur la méthode et les résultats :

La principale critique de l’étude (que l’auteure elle même souligne dans son article) est l’absence de groupe témoin.

En effet, on peut s’attendre à ce qu’une heure de relaxation sans bol chantant, voire une heure de simple sieste améliore aussi les états subjectifs testés dans l’étude.

En l’état, cette étude ne peut conclure à quoique ce soit quand à l’efficacité spécifique des bols tibétains par rapport à une séance de relaxation simple ou à une séance assistée avec d’autres instruments.

Le faible nombre de participants peut aussi être reproché à l’étude.

Enfin, il faut noter que l’étude se base sur les déclarations subjectives des participantes avant et après la séance. Aucune mesure physiologique n’est effectuée.

L’auteure le souligne elle-même il s’agit d’une première validation de méthode : « The study does, however, provide the groundwork for future research regarding the effects of singing bowl meditations on assessments of stress and well-being. »

L’étude jette cependant les bases de recherches futures concernant les effets des méditations au bol chantant sur les évaluations du et du bien-être.

Cette étude est cité dans tous les articles vantant les vertus thérapeutiques du bol chantant, mais il n’y a pas eu à ma connaissance d’étude complète (c’est à dire avec un groupe témoin et un nombre suffisant de participants randomisés) effectuée par la suite.

Critique plus générale de cette publication :

Au delà de l’aspect pour le moins incomplet ou inachevé de l’étude plusieurs points posent problème :

Le résumé de l’article (l’abstract en anglais) ne mentionne pas le fait qu’on n’a pas affaire à une « vrai » étude mais seulement à un essai de mise au point d’une méthodologie. A lire le résumé on pense avoir à faire à une étude concluant sur l’efficacité des bols chantants sur l’état de bien être général des participantes.

Les références bibliographiques sont fantaisistes et certaines allégations en début d’article sont fausses.

Par exemple l’auteur prétend que les bols tibétains sont des instruments anciens utilisés par les moines tibétains, alors que les comptes rendus des musicologues et ethnologues spécialiste du sujet disent le contraire (voir l’article sur l’origine des bols tibétains).

Comment une scientifique aussi impliquée dans l’utilisation des bols chantants peut elle ignorer le caractère mythique de l’origine tibétaine des bols chantants ?

Je ne me suis pas donné la peine de vérifier toutes les sources cités dans l’article, mais l’une d’elle a attiré mon attention et je n’ai pas été déçu.

Physical healing was the goal of a study that utilized blood pressure data in relation to a singing bowl. This study attempted to quantify the sonification of blood pressure through 3-dimensional imprinting, designing, and fabricating of a singing bowl using blood pressure data.

Traduit par :La guérison physique était l’objectif d’une étude qui utilisait les données de la pression sanguine en relation avec un bol chantant. Cette étude a tenté de quantifier la sonification de la pression artérielle par l’impression tridimensionnelle, la conception et la fabrication d’un bol chantant en utilisant les données de pression artérielle.

Cette référence à une étude de « sonification » de la pression artérielle par une impression d’un bol chantant m’a paru pour le moins mystérieuse.

J’ai retrouvé l’article en question, et ça va faire l’objet de ma deuxième revue parce qu’il faut bien rire un peu.

Sonification de la pression artérielle sous la forme d’un bol chantant

Barrass S.Acoustic sonification of blood pressure in the form of a singing bowl. Paper presented at: Conference on Sonification of Health and Environmental Data (SoniHED), September 2014; York, UK.

https://www.semanticscholar.org/paper/Acoustic-Sonification-of-Blood-Pressure-in-the-Form-Barrass/e3349f6aca3c711987b01a5eda1fcb6fe2dd2191?marketing-subscription=true

Digital Design and Media Arts,
University of Canberra

Je lit l’article, je me pince pour être sûr que je ne rêve pas : l’auteur a utilisé ses propres relevés de pression artérielle (sur un an) pour imprimer la forme d’un bol chantant en acier. Le résultat est, je cite :

Le bol chantant Hypertension qui en résulte est une contemplation méditative sur l’ensemble des données qui est un rappel à un mode de vie sain, et une alternative poétique aux graphiques génériques du “moi quantifié”.

A aucun moment l’auteur, qui est un designer sonore ne prétend soigner ou atteindre une quelconque guérison physique comme le dit l’auteure de la précédente étude lorsqu’elle le cite.

Le procédé utilisé par Tamara Goldsby est particulièrement malhonnête : elle cite un article publié dans une revue en inventant une intention qui n’est pas dans l’article qu’elle cite. Elle mise sur le fait que les lecteurs vont rarement vérifier le contenu des articles cités dans les publications scientifiques.

Sur l’origine tibétaine des bols : « Ancient instruments have also been used for religious and spiritual ceremonies such as Tibetan (also called ‘‘Himalayan’’) singing bowls », elle cite l’ouvrage de Franck Perry :

Les révélations du son de l’himalaya : le livre complet sur les bols chantants

« Himalyan sound revelations: The complete singing bowl book »

un petit tour sur le site de ce personnage nous apprend qu’il propose des consultation d’astrologie à 75 livres.

Outre que ce personnage colporte les balivernes sur les « anciens » bols chantants tibétain, il explique qu’il tire son savoir sur les bols tibétains de … ses vies antérieures.

Bon, alors moi je n’ai rien contre les mystiques new-age, mais je ne suis pas sûr que leur place soit dans les références d’un article qui se présente comme scientifique. Pour les vies antérieures passe encore, je n’ai pas vérifié, mais les origines anciennes des bols tibetains, il suffit de chercher un peu pour constater que c’est faux !

Effets de l’exposition à des bols chantants sur l’échelle de someil de Karolinska et sur des tests pupillographiques de someil : une étude randomisée

Effets de l’exposition au bol chantant sur l’échelle de somnolence de Karolinska et le test de somnolence pupillographique : Une étude croisée randomisée

Melanie Bergmann 1 , Stefan Riedinger 2 , Ambra Stefani 1 , Thomas Mitterling 3 ,

Evi Holzknecht ID 1 , Peter Grassmayr 4 , Birgit Högl 1 *

Department of Neurology, Medical University of Innsbruck, Innsbruck, Austria, 2 Department of

Therapeutic Radiology and Oncology, Medical University of Innsbruck, Innsbruck, Austria, 3 Department of

Neurology 1, Kepler University Hospital, Linz, Austria, 4 Bell Foundry Grassmayr, Innsbruck, Innsbruck, Austria

https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0233982

On espère qu’on aura un plus de chance avec cette étude. Déjà on nous promet une étude randomisée, et elle est réalisée dans des CHU.

Résumé de l’article :

Contexte

Le but de cette étude était d’examiner les effets sur la somnolence subjective et objective de d’un séjour au-dessus d’un grand bol chantant frappé, comparé à une période de relaxation dans un bol chantant silencieux.

Bol tibétain géant

Méthodes

Cinquante-huit sujets sains ont été recrutés pour l’étude, 48 ont participé pendant deux jours, à une semaine d’intervalle, pendant le même créneau horaire.

L’échelle de somnolence de Karolinska a été utilisée pour évaluer la somnolence subjective actuelle et l’indice d’agitation pupillaire relatif pour évaluer la somnolence objective.

Dans cette étude croisée randomisée, l’intervention consistait en un séjour de 20 minutes dans un hamac pendant un hamac pendant que le bol chantant, placé en dessous, était frappé sept fois.

Le groupe témoin faisait un séjour de 20 minutes dans le même hamac au-dessus du bol chantant, mais sans que celui-ci ne soit frappé

Résultats :

Les valeurs moyennes de l’indice relatif d’agitation pupillaire après relaxation dans les groupes du bol chantant frappé et silencieux étaient de 0,74 et respectivement de 0,71 (p = 0,460). La valeur médiane de l’échelle de somnolence de Karolinska après relaxation avec le bol chantant frappé était de 3 contre 4 (p =0,041) pour le bol chantant silencieux.

Discussion :

Cette étude a évalué l’influence d’un bol chantant frappé sur la somnolence pendant la journée. La somnolence subjective était significativement plus faible après une relaxation au-dessus d’un bol chantant frappé. Après stratification par sexe, la différence était encore significative chez les femmes. La somnolence objective n’était pas différente dans les deux groupes. Enfin, nous ne pouvons que spéculer si les femmes peuvent être plus sensibles aux améliorations subjectives en cas de somnolence et montrer une autre perception de la relaxation dans un bol chantant frappé par rapport aux hommes.

Critique de l’étude

Mis à part que l’auteur cite le même Hurluberlu (F Perry) quand à l’origine ancienne des bols chantants, l’étude a été faite avec sérieux en respectant les critères de base d’une expérience scientifique.

On pourra là aussi regretter le nombre de participants un peu faible, mais bon on se doute bien que les bols chantants ne sont pas la priorité des budgets de recherches des hôpitaux publics.

En gros , la conclusion de l’étude c’est que l’exposition aux sons d’un bol tibétain géant à un effet positif sur l’évaluation subjectif de l’état de somnolence pour les femmes, alors que les hommes disent ne pas voir de différence. Pour ce qui est de la mesure objective, l’exposition au bol tibétain ne produit pas d’effet.

Effets physiologiques et psychologiques d’un bol chantant de l’Himalaya dans la pratique de la méditation : une analyse quantitative

Physiological and Psychological Effects of a Himalayan Singing Bowl in Meditation Practice: a Quantitative Analysis

ayan Marie Landry, PhD, MSN, ARNP-BC

http://www.drjayanmarielandry.org/

En lisant le résumé, on se dit qu’on va avoir du lourd. On a une étude avec groupe témoin, randomisée, et avec une mesure des effets du bol chantant sur des paramètres physiologiques mesurables (la pression artérielle et le rythme cardiaque).

Résumé de l’étude :

Les participants sont séparés en deux groupes, disons le groupe test et le groupe test, le protocole est :

Pour le groupe test :

  • Mesure initiale des paramètres
  • Séance de bol chantants (12 min) joués par l’auteure avec le bol placé à 30cm de l’oreille des participants.
  • Première mesure des paramètres
  • Séance de méditation (20 min) assistée vocalement par un enregistrement de la voix de l’auteure
  • Deuxième mesure des paramètres

Pour le groupe témoin :

  • Mesure initiale des paramètres
  • Séance de repos allongé (12 min)
  • Première mesure des paramètres
  • Séance de méditation (20 min) assistée vocalement un enregistrement de la voix de l’auteure
  • Deuxième mesure des paramètres

Conclusion de l’étude :

Les résultats montrent qu’il n’y a pas de modification des paramètres physiologiques à la première mesure. C’est à dire que ni la séance de repos, ni la séance de bol n’ont d’effet sur la pression artérielle ou le rythme cardiaque des individus testés.

Après la séance de méditation on note une légère baisse de la tension artérielle pour les deux groupes (7 % de baisse pour le groupe test, et 5 % de baisse pour le groupe témoin). On observe la même tendance pour le rythme cardiaque.

L’auteure en déduit qu’une séance de bol tibétain permet d’améliorer de façon notable les effets physiologiques d’une séance de méditation.

Critique de l’étude :

Comme pour toutes les autres études on a un problème de nombre de participants ainsi que de biais possible du fait qu’il s’agit de volontaires intéressés par le sujet.

L’amélioration mesurée (7-5 = 2%) n’est pas spectaculaire, mais bon, on a quand même un résultat sensible et quantifié.

Ce qui pose problème d’interprétation des résultats, c’est que l’auteure attribue au bol cette amélioration des mesure entre te groupe test et le groupe témoin.

En fait, on peut se demander si la séance de bol ne doit pas être assimilée à une séance de méditation assistée, le groupe test aurait médité 32 min contre 20 min contre le groupe témoin.

Il aurait était intéressant aussi de comparer la séance de bol à une séance d’écoute de musique ou de tout autre instrument, ou a une séance de méditation assistée par la voix.


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